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L’objet que le sujet se choisit pour sa propre gouverne le rassure, le protège de l’envahissement et des excès, maintient la priorité absolue du sexe maternel et demeure son secret. (G. Bonnet, 2012).

L’inceste considéré comme paradigmatique est l’inceste père-fille ce qui est d’un point de vue anthropologique et clinique une erreur conceptuelle et illustre les travers d’une société qui ne trouve rien de mieux que de rabattre dans la loi l’inceste sur la seule agression sexuelle sur mineur(e)s. Pourtant d’éminents cliniciens et psychanalystes ne se sont pas fait faute de rappeler sans cesse la part de la mère dans l’inceste, notamment Green (« La relation de la mère nécessairement incestueuse » titre d’un chapitre du livre Incestes édité par PL Assoun, 2001, qui ne comprend aucun chapitre sur l’inceste fraternel, pas plus que celui de D. Castro en 1995 ou celui de Gabel, Lebovici et Mazet sur le traumatisme de l’Inceste, on pourrait en citer bien d’autres).

Pourtant en filigrane des écrits sur les agressions sexuelles par des adolescents c’est bien d’inceste qu’il s’agit, quoiqu’on aurait bien tort de se limiter à l’adolescence car les épousailles de faits entre collatéraux (et quasi frères et soeurs) et la production de quelques enfants relèvent cliniquement du concept d’inceste fraternel.
« L’idée de l’inceste met d’abord en avant la dimension originaire des désirs sexuels » a écrit A. Green dans l’article cité, évoquant l’OEdipe. Mais il n’évoque là que l’inceste parental, alors que l’anthropologie (notamment F. Héritier, M. Godelier) nous a appris que dans le maniement de l’inceste par les sociétés le sexe autorisé/interdit entre pair est une question essentielle pour comprendre l’Interdit et qui est tabou pour qui et quand. Il est vrai que les cliniciens eux-mêmes trop occupés par la complexité du complexe d’OEdipe ont eu tendance à peu publier sur l’inceste fraternel – voyez par exemple JM Talpin – 2003 – qui recoure à la littérature pour en parler sans aucun cas clinique car il y a plus de romans sans doute que de cas publiés sur ce sujet.

L’expérience clinique et criminologique nous apprend la fréquence de ce qui n’est pas un
« comportement sexuel », ni d’ailleurs, sauf rare exception, une authentique perversion, mais un « au-delà » de l’Agapè envahit par l’Eros dans diverses figures. Le fraternel n’est pas dépourvu de pulsions et de passions, et qui donc vient y faire pare-excitation ? Ces figures dont on peut nommer par exemple, la fusion/confusion avec le parent, la quête identitaire dans sa composante sexuée, l’initiation projective.. .

A partir de cas nous examinerons, avec en tête l’arrière-plan ici rapidement introduit, quelques-unes de ces figures – sans prétendre à l’exhaustivité d’une question qui reste le plus souvent un inédit de la clinique, au risque que la problématique sociétale du consentement des mineurs à la sexualité nous renvoie bientôt vers cette curieuse impasse sur l’inceste entre pairs.

Cet article est versé dans la rubrique archives au 13/04/2018.

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